Citadelle de

Bitche

C’est aux confins de la Lorraine, blottie dans les bras de sa monumentale citadelle, que veille la cité fortifiée de Bitche. Peuplée aujourd’hui de cinq mille âmes, celle-ci doit sa fondation au caractère stratégique du rocher qui la surplombe.

C’est du 12e siècle que datent les plus anciennes mentions attestant de l’occupation du promontoire rocheux sur lequel s’élève aujourd’hui la citadelle de Bitche. Les ducs de Lorraine y possédaient alors un pavillon de chasse.

Dès 1297, le comte de Deux-Ponts (Zweibrücken) Eberhardt II, qui venait d’hériter en fief de la seigneurie et du château, décida de renforcer les fortifications de ce lieu stratégique pour y établir le siège de son pouvoir.

En 1572, le duc de Lorraine Charles III, poursuivant une politique d’agrandissement de ses états, prétexta l’extinction de la famille de Deux-Ponts pour reprendre la seigneurie et le château.

Celui-ci devint, après le règlement en 1606 du différend opposant les ducs de Lorraine et les comtes de Hanau-Lichtenberg, un de ceux les mieux défendus du duché.

En 1634, au cours de la guerre de Trente Ans, les Français prirent possession de la place. Le refus du duc Charles V d’accepter les conditions de Louis XIV au traité de Nimègue (1679) eut pour conséquence l’occupation de la Lorraine par la France. Vauban, à partir de 1681, fut chargé de modifier totalement le système de fortification de la place de Bitche.

Profitant de la hauteur du site mais contraint par l’étroitesse du rocher, Vauban appliqua ses théories de fortification tout en les adaptant. L’étagement des feux fut assuré par la scission du rocher entre un corps central, une demi-lune à l’ouest (la petite tête) et un ouvrage à cornes (la grosse tête) à l’est.

Le flanquement fut assuré par quatre bastions accolés au corps central. Cette première citadelle ne vécut pourtant que fort peu de temps. En 1697, par le traité de Ryswick, la Lorraine fut rétrocédée à son souverain Léopold Ier. Les Français, contraints de quitter Bitche, prirent soin de détruire toutes les fortifications qu’ils venaient d’y construire.

En 1737, le roi de France Louis XV obtint l’installation sur le trône de Lorraine, pour le reste de sa vie, de son beau-père, l’ex roi de Pologne Stanislas Leszczynski. Celui-ci, à sa mort, devait permettre au duché d’intégrer officiellement le royaume de France. Cette échéance n’intervint qu’en 1766. Pourtant, par la convention secrète de Meudon (1736), la France se réserva le droit de rebâtir les places fortes abandonnées plus tôt, dont Bitche. Le comte de Bombelles, gouverneur militaire des Trois-Évêchés, reçut l’ordre de faire reconstruire la citadelle. Les plans de Vauban furent repris mais modernisés par l’ingénieur militaire Cormontaigne. Les travaux, débutés en 1741, durèrent jusqu’en 1754.

C’est au cours de la Révolution française que la citadelle fut pour la première fois soumise à l’épreuve d’un assaut militaire. Durant la guerre de 1870, sous les ordres du commandant Teyssier, la citadelle résista au siège le plus long de son histoire et notamment à trois bombardements meurtriers. Le territoire de l’actuel département de la Moselle étant devenu allemand à partir de 1871, une garnison allemande prit possession de la place de Bitche jusqu’en 1918, date du retour à la France.

Perdant peu à peu son intérêt militaire face à l’évolution de l’artillerie, la citadelle fit l’objet de quelques réaménagements à la fin du 19e siècle, visant notamment au blindage des superstructures. Durant la Première Guerre mondiale, elle n’eut pas à souffrir des hostilités. La Seconde Guerre mondiale et les bombardements des Alliés de 1944-1945 sonnèrent pourtant définitivement la fin de l’exploitation militaire de la forteresse.

La commune de Bitche acquit la citadelle en 1960 en vue de la conserver et d’en valoriser l’intérêt patrimonial.

La seconde moitié du XVème siècle marque un tournant dans l’histoire de l’architecture militaire. En effet, l’avènement du boulet de canon métallique signe la fin du château-fort médiéval. Les hautes murailles, peu menacées par les boulets en pierre, ne peuvent plus résister et sont éventrées. Les tours rondes placées aux angles des forteresses laissent des angles morts aux défenseurs, rendant la défense d’une place compliquée.

En réponse à ce progrès de l’artillerie, la fortification bastionnée est développée, en Italie d’abord, avant de se développer dans le reste de l’Europe. La tour médiévale est renforcée par le bastion, un ouvrage pentagonal donnant son nom au nouveau type de fortifications, et qui permet un flanquement parfait.

En France, le grand nom de la fortification bastionnée est Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban, plus connu sous le seul nom de Vauban (1633-1707). Il fut un expert en poliorcétique, c’est-à-dire l’art d’organiser l’attaque ou la défense d’une place forte pendant un siège.

Vauban est notamment connu pour avoir doté le royaume de France d’un « pré carré », selon sa propre expression, une ceinture de places fortes pour défendre les frontières du royaume. Ainsi, Vauban crée, élargit ou adapte plus de 180 forteresses, marquant le paysage français de sa patte d’ingénieur.

Vauban développe trois systèmes de fortifications consécutifs, mais loin de s’agripper fermement à des théories fermées, il s’adapte à chaque fois au terrain tel qu’il se présente. En théorie, la fortification bastionnée est rasante, c’est-à-dire que les murailles sont peu élevées, et le glacis entourant la place forte est en pente douce.

A Bitche, c’est tout le contraire. Le glacis présente une forte pente, et les murailles s’élèvent en moyenne à une trentaine de mètres. Le flanquement est assuré par quatre bastions massifs, chacun portant le nom d'un saint catholique, complété par une enceinte inférieure au pied des hauts remparts. 

Grâce aux moyens du cinéma, les souterrains de la citadelle sont animés des faits historiques qui s’y sont en partie déroulés pendant la guerre de 1870, permettant de revivre l’épisode le plus important de l’histoire de la citadelle, celui du siège de 1870-1871 qui a duré 230 jours. 

Dans le corps de garde principal se trouve le point de départ du parcours cinématographique, avec la diffusion de fausses actualités immergeant le visiteur au mois de juillet 1870, et la rencontre avec le soldat Charles-Henri Mondel, à la fois reporter de guerre contemporain et soldat, et qui accompagne le visiteur tout au long du parcours et de l’histoire du siège de Bitche. La fiction se mêle à l’histoire.

Ce docu-fiction réalisé par Gérard Mordillat fait revivre la détermination d’une garnison à défendre la place face aux forces bavaroises, et présente de surprenantes reconstitutions des lieux et de saisissantes scènes de fiction. Le parcours a été voulu comme un téléfilm, en plusieurs épisodes projetés tout au long de la visite.

Le film qui rythme la visite des souterrains comporte des scènes de guerre susceptibles de heurter la sensibilité de certains visiteurs, en premier lieu le jeune public. Le parcours est déconseillé aux enfants de moins de 7 ans.

La visite se déroule dans un environnement confiné, escarpé, humide et frais. Il faut donc prévoir des vêtements adaptés.

Les souterrains ne sont pas accessibles aux chiens.

Avant les destructions liées au siège de 1870, le plateau supérieur de la citadelle était garni de bâtiments, faisant de lui une véritable petite ville militaire entre les quatre bastions. Le canon est passé par là, avec son lot de destructions.

Seuls se dressent encore dans un état complet la chapelle, la poudrière et le corps de garde principal. De la boulangerie et de l’arsenal, il ne subsiste que le rez-de-chaussée. Les deux grandes casernes, dont seules les fondations existent toujours, s’élevaient encore dans les années 1960. A l’instar du reste de la citadelle, le plateau supérieur a été remanié par les Allemands après 1871, avec l’ajout de matelas de terre sur certaines parties, les protégeant des obus.

Le plateau se visite aujourd’hui au moyen des stations du parcours patrimonial et architectural, chacune s’intéressant à un élément architectural, disparu ou toujours existant, de la citadelle. Long de 300 mètres et s‘élevant 65 mètres au-dessus de la ville, le plateau supérieur est dorénavant un endroit apaisé, loin des tumultes de la guerre.

Parmi les nombreux bâtiments qui autrefois coiffaient les hauteurs de la citadelle, la chapelle est le dernier subsistant. Elle est d’autant plus précieuse qu’elle en était le plus ancien car datant des premiers travaux encadrés par Vauban dans les années 1680. Elle doit son sursis à sa destination religieuse que respectaient les assiégeants de la citadelle lors des bombardements. Remaniée à la veille de la Première Guerre mondiale, la chapelle a retrouvé son aspect du 18e siècle à l’issue d’un vaste programme de travaux mené entre 2005 et 2007. Les attributs royaux de la façade principale, disparus durant la Révolution française, le mécanisme de l’horloge, les cloches, les baies, les vitraux, la tribune intérieure et l’estrade du chœur ont à cette occasion été restaurés.

 La chapelle abrite aujourd’hui le plan-relief original de Bitche datant 1794. Celui-ci, exécuté à l’échelle 1:600, restitue minutieusement la citadelle dans son environnement du 18e siècle. Extraite, parmi d’autres, du conservatoire parisien des plans-reliefs à l’occasion d’une saisie prussienne en 1815, la maquette fut offerte par l’empereur allemand Guillaume II au musée de Metz en 1903. Elle est conservée à Bitche depuis 1923. Depuis 2007, le plan-relief de Bitche est exposé sous une cloche de verre à température et hygrométrie contrôlés, le protégeant des aléas climatiques. Plusieurs éléments de médiation sont proposés, avec notamment une borne ludique et interactive projetant le public en 1870, ou des écrans surplombant le plan-relief et proposant la découverte de Bitche et de la citadelle au temps de la Révolution française.

Voulu comme un espace d’ouverture et de prise de conscience, le musée historique Des hommes dans la guerre de 1870 prend place dans l’ancienne boulangerie de la citadelle. Plongeant le visiteur dans une ambiance calme et sereine, en totale contradiction avec les tumultes de la guerre, le musée met en lumière les aspects humains de la guerre, au-delà des enjeux politiques et des rivalités nationalistes ayant débouché sur le conflit franco-prussien de 1870. 

Qu’ils soient français, prussiens ou bavarois, des portraits de soldats sont affichés sur des éléments verticaux. Leurs équipements sont exposés dans des vitrines horizontales, qu’il s’agisse d’éléments d’uniformes, d’armes, de casques, de cuirasses, ou encore des accessoires de soldats. L’utilisation de différents médias apporte les importantes informations historiques permettant la compréhension de la guerre franco-prussienne de 1870.

Venez prolonger votre visite de la citadelle à l’Arsenal. Il abrite la boutique et la cafétéria, sous les voûtes de l’ancien arsenal de la forteresse.

La boutique de la citadelle propose toutes sortes d’objets, pour les enfants et les adultes. En outre, la boutique propose aussi un vaste choix de livres, allant des livres d’histoire à ceux consacrés à la gastronomie. De quoi faire plaisir à tout le monde et garder un souvenir de la visite de la citadelle de Bitche.

La cafétéria de la citadelle vous proposera de quoi étancher vos petites soifs et combler vos petites faims, l’endroit idéal pour un café, un déjeuner ou une pause gourmande. Par beau temps, vous pourrez également profiter de la grande terrasse extérieure.

L’Arsenal est ouvert tous les jours durant la saison touristique. Il ouvre à 11h, et ferme à 17h du lundi au vendredi (hors juillet et août). Il ferme à 17h30 les samedis et dimanches, et tous les jours en juillet et août.

 La citadelle dispose d’un parking de 300 places pour voitures et autobus. L’accès se fait depuis la rue des tilleuls, en suivant le panneau « Citadelle » au rond-point central. Le parking de la citadelle dispose également d‘une aire de camping-car, avec tout le confort utile pour une étape de courte durée à Bitche : borne de ravitaillement en eau potable et électricité et vidanges. Les 5 emplacements stabilisés et ombragés vous assurent intimité et sécurité.

En raison d’un grand nombre de marches d’escalier, la visite des souterrains est inaccessible aux personnes en fauteuil roulant, et compliquée pour les personnes à mobilité réduite. L’ensemble du plateau supérieur, à l’exception de la chapelle, est accessible. La rampe d’accès étant relativement pentue (15%) et pavée, il est compliqué de l’emprunter pour une personne à mobilité réduite ou en fauteuil roulant. Sur demande par téléphone, il est possible de monter en voiture jusqu’à la grille d’entrée (possibilité de garer un véhicule à proximité). Pour la montée sur le plateau, nous pouvons conduire la personne à mobilité réduite. Merci de nous prévenir en amont, au +33 3 87 96 18 82.

 Le parcours cinématographique des souterrains comporte de nombreuses marches, rendant son accès difficile pour les poussettes.

 L’accès aux souterrains est interdit aux chiens, même tenus en laisse, à l‘exception des chiens guides et des animaux d’assistance. L’accès au plateau supérieur est autorisé aux chiens tenus en laisse.