En 1380, le duc Jean IV rentre en Bretagne après plusieurs années d’exil en Angleterre. Désireux d’asseoir définitivement son pouvoir, il entreprend un vaste programme de construction dans son duché.
À Dinan, cité particulièrement dynamique mais qui s’est longtemps refusée à lui, Jean IV réserve un projet architectural exceptionnel, à la hauteur de la remarquable enceinte urbaine – alors la plus vaste de Bretagne – édifiée dès la fin du 13ème siècle par le duc Jean Ier et ses successeurs.
Afin d’affirmer son autorité dans l’espace dinannais, Jean IV confie à Etienne Le Tur la construction d’une tour-résidence dont la hauteur totale avoisinait alors les 45 mètres. S’il comprimait les volumes intérieurs, le choix d’un édifice vertical permettait au pouvoir ducal de se mettre en scène au travers de la superposition des espaces : si les niveaux inférieurs étaient réservés au fonctionnement du château – stockage, cuisine – les étages intermédiaires voyaient se succéder pièces de représentation et chambres plus intimes. Peut-être achevée dès 1384, la tour-résidence – véritable palais princier – était à l’origine desservie par une cour d’honneur ainsi que par un belle, une cour-basse dans laquelle se trouvaient les dépendances : forges, écuries, pigeonnier…
Au-delà de la Bretagne, le château dinannais du duc Jean IV – par la qualité de son décor et la complexité de ses structures – s’imposait comme un défi au roi de France Charles V, dont le château royal du Bois-de-Vincennes avait relancé la mode des tours-résidences.