Le Roc des

Curiosités

Situé sur la majestueuse Pointe du Roc, Le Roc des Curiosités est un écrin de merveilles naturelles, un hymne à la nature illustré par des centaines d'insectes et de poissons aux couleurs éclatantes et par le scintillement des milliers de pierres.

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En 1957, Marc et Jeanne CHATAIGNIER, originaires de Granville visitent le musée océanographique de Monaco. C’est le déclic ! Ils décident à leur tour de créer un musée océanographique à la pointe du Roc de Granville, un lieu emblématique surnommé laMonaco du Nord de par ses similitudes avec le rocher de Monaco. Les travaux de construction commencent en 1957. Une architecture futuriste voulue par les architectes de l’époque, Monsieur TRAVERSE, Architecte des Monuments Historiques et Monsieur Eugène LESNER. Le bâtiment, en effet, repose sur une dalle en béton de 300 tonnes en équilibre sur trois points, une véritable prouesse architecturale par le constructeur Monsieur TIBLE. Sans compter une charpente de toute beauté qui donne les caractéristiques marines indispensables à un tel bâtiment. Les travaux achevés, l’aquarium ouvre ses portes le 1er juin 1960. Dans l’atmosphère d’une grotte sous-marine où le sous-marin du Capitaine NEMO se serait échoué, apparaissent les poissons multicolores derrière les hublots du vaisseau. Une des raretés de l’Aquarium est un coffret de mues d’un homard. Cette réalisation est de Monsieur VAILLAND qui s’est imposé une veille permanente pendant trois ans (les mues se passent plus souvent la nuit) afin de se saisir de sa carapace avant sa destruction. Quelques années plus tard, Madame CHATAIGNIER commence la conception d’un palais, « LA FEERIE DES COQUILLAGES ». Une explosion de création qui durera quinze ans et qui nécessitera des millions de coquillages et de coraux ramenés d’îles lointaines ou encore de Thaïlande, de Tunisie… mais aussi ramassés sur les côtes normandes de Saint Jean Le Thomas, Agon-Coutainville, Saint Pair… Ainsi sont mariés les coquillages les plus modestes avec les plus somptueux, seule leur beauté a guidé le choix des créateurs. Pour réaliser son oeuvre, Madame CHATAIGNIER fait appel à Monsieur LEPAGE, artisan d’art et à une jeune artiste, Patricia LEDOYEN, remarquable sculpteur et dessinatrice, sans elle certaines ouvres n’existeraient pas. Mme MARETTE, artiste sur coquillages, Maurice COLIGNON, artiste peintre granvillais, peindra les arrière-plans de la Haute Ville, de la mosquée du Caire et du temple d’Angkor Wat. Le travail est colossal : les coquillages sont décapés, triés par formes et couleurs avant de les utiliser. Ils seront posés pendant des jours, des mois et pour les plus petits avec des précelles. La pose des coquillages intègrera aussi la nuance, la recherche de tonalité, les dégradés… Tous ces éléments sont à intégrer dans la construction de l’oeuvre. Ainsi dix centimètres de pose de coquillages peuvent nécessiter quatre mètres de vision globale pour l’artiste. Même si les difficultés techniques causaient parfois du découragement, les artistes reprenaient courage devant la beauté des coquillages dont la couleur naturelle a toujours été conservée « car ce sont des joyaux sans prix qu’il faut préserver de l’agression de l’homme », dixit Madame CHATAIGNIER. Coquillages et coraux ont été nécessaires pour les réalisations de la salle des vitraux, de la Mosquée du Caire, du Jardin italien, du temple d’Angkor Wat, de la Sirène, de la mariée, de la pie voleuse, du chat persan, de la Vénus de Milo… Les coquillages sont venus habiller des supports en plâtre, en bois, en ciment pour donner forme à des œuvres d'art qui invitent,toujours aujourd’hui, le visiteur à un voyage dans le merveilleux. Avant de quitter La féerie des coquillages, laissons la parole à Madame CHATAIGNIER : « Si un quelconque orgueil devait un jour m’envahir, c’est je crois devant La féerie des coquillages qu’il surgirait, car je crois par ce musée avoir rejoint par moments les « Folies » et le baroque du XVIII° siècle. » Inspirée par son enfance à Chausey, émerveillée par la beauté des pierres roulées par les vagues, pierres qui transportent un microcosme de vie, Madame CHATAIGNIER repart dans le domaine de l’imaginaire. A partir de 1975, elle décide de créer des sculptures inspirées par les mythologies antiques. Pour y parvenir, elle utilise les plus beaux cristaux, pyrites, pierres fines, semi-précieuses, étain poli, amazonite, sodalite, cornaline, topaze, citrine, chrysocolle… qui vont donner vie au « PALAIS MINERAL ». Elle rencontre un sculpteur sur métal, Monsieur LE BIHAN, de Saint-Hilaire -du -Harcouët, qui forgera toutes les sculptures en laiton brossé ou bronze dans lesquelles seront intégrés les minéraux taillés sur place voire même réduits en poussière par Mme CHATAIGNIER et Patricia LEDOYEN. Elles sont probablement les seules artistes à avoir fait des tableaux en poussière de minéraux. Ainsi, sont réalisés, des tableaux représentant des scènes de la nature, les tarots, les signes du zodiaque.Plusieurs tonnes de minéraux représentant cinquante-sept pays seront nécessaires. Des pièces rares du Brésil et de Madagascar sont mises en scène : géodes d’améthyste d’un violet profond dont l’une pèse plus de 100 kg, énormes pointes de cristaux pesant plus de 35kg chacune, datant de plusieurs dizaines de millions d’années, une magnifique cornaline, des tranches de bois silicifié provenant des États-Unis dont l’une, intégrée dans une sculpture en bronze, fait plus de deux mètres soixante de circonférence. Et encore l’arbre votif qui porte agates et grappes de pierres brillantes, l’oiseau bleu aux ailes déployées scintillant de mille pierres d’azurite et de pyrite (quatre mois de travail), laLicorne qui demanda huit mois de travail pour réussir sa robe de citrine et sa corne de cristal de roche, le dragon vert hérissé de fluorines et d’aventurines (cinq mois de travail), les tapis persans en pierres fines et agates roulées de toutes les couleurs (trois mois de travail chacun). La salle des divinités offre des témoignages artistiques de la recherche spirituelle des peuples de l’Antiquité : une fresque exceptionnelle dédiée aux dieux de l’Égypte a demandé dix-huit mois de travail, un masque de Toutankhamon dont le pectoral somptueux a été réalisé avec les mêmes pierres que les Anciens employaient pour leurs bijoux, les divinités égyptiennes qui accompagnaient Toutankhamon dans son voyage vers l’éternité : Hathor, Horus, Khépri, Anubis, les fleurs de lotus faisant le lien entre les mythologies égyptiennes et hindoues, une magnifique boule de cristal permettant de réaliser un vœu. Un palais des mille et une nuit, un véritable éblouissement pour les yeux qui demandera une dizaine d’années pour être abouti. La Féerie des coquillages et le Palais minéral ont en commun dans leur conception l’imaginaire, la création et la beauté. A l’aquarium, le scientifique l’emporte à travers les animaux des mers. Il fallait donc un rééquilibrage scientifique alliant tout ce qui est cité précédemment. Seul le monde des insectes et en particulier celui des papillons, semblaient répondre à ces critères pour Madame CHATAIGNIER. Sa rencontre avec Claude MONNIER, baroudeur des terres inconnues, ramenant de ces expéditions de Mato Grosso, de la Nouvelle Guinée, maintes nouvelles espèces et d’insectes et notamment de papillons très rares que se disputaient les collectionneurs d’Europe. C’est par l’entreprise de Claude MONNIER que démarra une nouvelle expérience. Jouant avec les formes et les couleurs de la nature, Madame CHATAIGNIER recrée artificiellement à l’aide de matières naturelles (bois, fibre, écorce, tissage…) ce qui lui semblait être l’écrin de ces joyaux présentés tout en respectant les codes exigés par les Sciences Naturelles. Beaucoup d’insectes et d’arachnides sont rapportés de voyages, principalement d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud, par la famille CHATAIGNIER, prendront place dans un grand diorama révélant la beauté surprenante et leur intérêt pour la planète. Certains insectes rapportés au Roc à cette époque, n’étaient pas encore répertoriés par le Museum d’Histoires Naturelles. Impressionnantes sont les mygales, à côté, les sauterelles roses, bleues,violettes sont élégantes comme des danseuses, les phasmes ressemblent à une petite branche ou à des feuilles, les papillons tropicaux éblouissants : les Héliconidés si fins aux ailes arrondies, les papillonidae aux couleurs de rêve et aux variétés infinies, les Ornithoptères verts et or qui sont parmi les plus beaux et les plus rares. Ceux qui ressemblent à des feuilles mortes« Precis Tugela » venant d’Afrique ou les Kallima venant de Malaisie, les Morphidaes aux bleus profonds, les Nymphalidaes représentés dans le monde entier, aux dessins si riches, les nocturnes géants aux tons sombres, ne sont qu’une infime partie des collections. Patricia LEDOYEN dessinera les planches de présentation des papillons, Monsieur BOGNOU de Lisieux, entomologiste amateur passionné, ira se former au Museum d’Histoires Naturelles pour apprendre les techniques d’étalement des insectes, leur entretien, leurs propriétés, leur étiquetage et assurera l’installation des insectes et arachnides. M. BOGNOUparticipe toujours au suivi des collections lesquelles ne pourraient être refaites aujourd’hui car beaucoup sont d’insectes sont protégés et il est interdit de les capturer. A ces collections exposées, un fond exceptionnel d’insectes locaux dont certains en voie d’extinction, sera prochainement à découvrir. En juin 2020, ce fut l’anniversaire de l’ouverture de L’Aquarium du Roc appelé aujourd’hui le Roc des Curiosités. Soixante années de création, de passion. Une oeuvre unique en France et au-delà et qui continuera de vivre et de se développer.Un patrimoine créé par deux Normands amoureux de Granville et des Iles Chausey, l’oeuvre de toute une vie, un joyau pour la mise en valeur du territoire, un hymne aux beautés de la nature à offrir aux générations futures.

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